Arras Pas-de-Calais. Bonjour, Je suis chef de famille et maman de 3 enfants et chef d'entreprise. PassionnĂ©e par mon travail et aimant voyager. Je suis une femme entiĂšre et aimante. Je sais ce que je dĂ©sire et trĂšs dĂ©terminĂ©e. Je souhaite trouver l'homme sincĂšre qui 19141918: les femmes deviennent chefs de famille A la ville ou Ă  la campagne, issues de toutes les classes sociales, elles ont apportĂ© un soutien inestimable aux 8 millions d'hommes mobilisĂ©s. Translationsin context of "oĂč la femme est chef" in French-English from Reverso Context: Appui aux groupes vulnĂ©rables, en particulier les foyers oĂč la femme est chef de famille. Hierencore, le combat des femmes (2/4) : la femme mariĂ©e, une mineure sous l'autoritĂ© de son Ă©poux 02 mars 2020 Ă  12:07 - mise Ă  jour 03 mars 2020 Ă  14:27 ‱ 4 min Par DaphnĂ© Van Ossel Trouverla Chef homme et femme illustration photo idĂ©ale Une vaste collection, un choix incroyable, plus de 100 millions d’images LD et DG abordables de haute qualitĂ©. Pas besoin de vous inscrire, achetez dĂšs maintenant ! Page 3. 1Co11:3 Je veux cependant que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, que l’homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Christ. 1Co 11:4 Tout homme qui prie ou qui prophĂ©tise, la tĂȘte couverte, dĂ©shonore son chef. 1Co 11:5 Toute femme, au contraire, qui prie ou qui prophĂ©tise, la tĂȘte non voilĂ©e, dĂ©shonore son chef: c’est comme si elle Ă©tait rasĂ©e. 1Co 11 zBGN. Chers frĂšres et sƓurs,Dans ma prĂ©cĂ©dente catĂ©chĂšse sur la famille, je me suis arrĂȘtĂ© sur le premier rĂ©cit de la crĂ©ation de l’ĂȘtre humain, qui se trouve dans le premier chapitre de la GenĂšse. Il est Ă©crit Dieu crĂ©a l’homme Ă  son image ; Ă  l’image de Dieu il le crĂ©a homme et femme il les crĂ©a » Gn 1, 27.Aujourd’hui je voudrais complĂ©ter la rĂ©flexion par le second rĂ©cit, qui se trouve dans le deuxiĂšme chapitre. On y lit que le Seigneur, aprĂšs avoir créé le ciel et la terre, modela l’homme avec la poussiĂšre tirĂ©e du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un ĂȘtre vivant » Gn 2, 7. C’est le sommet de la crĂ©ation. Mais il manque quelque chose. Ensuite Dieu va mettre l’homme dans un jardin merveilleux pour qu’il le cultive et en prenne soin. Gn 2, 15.L’Esprit Saint, qui a inspirĂ© toute la Bible, Ă©voque un instant l’image de l’homme seul – Ă  qui il manque quelque chose –, sans la femme. Et il Ă©voque la pensĂ©e de Dieu, le sentiment, mĂȘme, de Dieu qui le regarde, qui observe Adam seul dans le jardin il est libre, il est le maĂźtre,
 mais il est seul. Et Dieu voit que ceci n’est pas bon » il y a comme un manque de communion. Il lui manque une communion. Il n’a pas atteint la plĂ©nitude. Ce n’est pas bon » – dit Dieu – et il ajoute Je veux lui faire une aide qui lui corresponde » Gn 2, 18.Alors Dieu prĂ©sente Ă  l’homme tous les animaux ; l’homme leur donne Ă  chacun un nom – et c’est une autre illustration de la domination de l’homme sur la crĂ©ation –, mais il ne trouve en aucun animal un autre semblable Ă  lui-mĂȘme. L’homme continue de vivre seul. Quand finalement Dieu lui prĂ©sente la femme, l’homme reconnaĂźt avec exaltation que cette crĂ©ature, et celle-lĂ  seulement, fait partie de lui-mĂȘme os de mes os, chair de ma chair » Gn 2, 23. Enfin il trouve son reflet, son Ă©quivalent. Un exemple pour bien comprendre cela quand une personne veut serrer la main Ă  une autre, il faut que celle-ci soit en face de lui si on tend la main sans personne face Ă  soi, la main reste lĂ , tendue
, il lui manque la rĂ©ciprocitĂ©. Ainsi Ă©tait l’homme il lui manquait quelque chose pour atteindre la plĂ©nitude. Il lui manquait la rĂ©ciprocitĂ©. La femme n’est pas une rĂ©plique de l’homme ; elle vient directement du geste crĂ©ateur de Dieu. L’image de la cĂŽte » n’exprime pas du tout l’infĂ©rioritĂ© ou la subordination, mais au contraire, que l’homme et la femme sont de la mĂȘme substance et sont complĂ©mentaires ; qu’ils ont aussi cette rĂ©ciprocitĂ©. Et le fait que – toujours dans le rĂ©cit – Dieu façonne la femme pendant que l’homme dort, souligne justement qu’elle n’est en aucun cas une crĂ©ature de l’homme, mais qu’elle est crĂ©ature de Dieu. Cela suggĂšre aussi autre chose pour trouver la femme – nous pouvons traduire pour trouver l’amour de la femme – l’homme doit d’abord en rĂȘver, puis il la confiance de Dieu Ă  l’égard de l’homme et de la femme, Ă  qui il confie la terre, est gĂ©nĂ©reuse, directe et entiĂšre. Il a toute confiance en eux. Mais voilĂ  que le Malin introduit suspicion, incrĂ©dulitĂ© et mĂ©fiance dans leur esprit. Et au bout du compte, ils dĂ©sobĂ©issent au commandement qui les protĂ©geait. Ils tombent dans ce dĂ©lire de toute-puissance qui infeste tout et dĂ©truit l’harmonie. Nous tous aussi, nous ressentons cela si souvent Ă  l’intĂ©rieur de pĂ©chĂ© provoque dĂ©fiance et division entre l’homme et la femme. Leurs rapports vont ĂȘtre menacĂ©s par mille formes d’abus de pouvoir et d’assujettissement, de sĂ©duction trompeuse et d’arrogance humiliante, allant jusqu’à des formes plus dramatiques et plus violentes. L’histoire en porte les traces. Nous pensons, par exemple, aux effets nĂ©gatifs des cultures patriarcales. Nous pensons aux multiples formes de machisme oĂč la femme Ă©tait considĂ©rĂ©e comme une personne de seconde classe. Nous pensons Ă  l’instrumentalisation et la marchandisation du corps fĂ©minin dans la culture mĂ©diatique actuelle. Mais nous pensons aussi Ă  la rĂ©cente Ă©pidĂ©mie de mĂ©fiance, de scepticisme, et jusqu’à l’hostilitĂ© qui se rĂ©pand dans notre culture – en particulier Ă  partir d’une mĂ©fiance comprĂ©hensible des femmes – Ă  l’égard d’une alliance entre l’homme et la femme qui puisse Ă  la fois faire grandir l’intimitĂ© de la communion et conserver la beautĂ© de la nous n’avons pas un sursaut de sympathie pour cette alliance, capable de mettre les nouvelles gĂ©nĂ©rations Ă  l’abri de la dĂ©fiance et de l’indiffĂ©rence, les enfants viendront au monde toujours plus dĂ©tachĂ©s de cette alliance, et ce dĂšs le sein maternel. La dĂ©valorisation sociale de l’alliance stable et fĂ©conde entre l’homme et la femme est certainement une perte pour tout le monde. Nous devons remettre Ă  l’honneur le mariage et la famille. La Bible dit une chose trĂšs belle l’homme trouve la femme, ils se rencontrent, mais l’homme doit laisser quelque chose pour trouver pleinement la femme. Pour cela, l’homme quittera son pĂšre et sa mĂšre pour aller avec elle. C’est beau ! Cela signifie qu’il entame un nouveau chemin. L’homme est tout pour la femme et la femme est tout pour l’ les conditions actuelles, la sauvegarde de cette alliance entre l’homme et la femme, mĂȘme pĂ©cheurs et blessĂ©s, dĂ©sorientĂ©s et humiliĂ©s, mĂ©fiants et incertains, est donc pour nous croyants une mission exigeante et passionnante. Le mĂȘme rĂ©cit de la crĂ©ation et du pĂ©chĂ© originel, dans sa conclusion, nous en donne une trĂšs belle illustration Le Seigneur Dieu fit Ă  l’homme et Ă  sa femme des tuniques de peau et les en revĂȘtit » Gn 3, 21. C’est une image de tendresse envers ce couple pĂ©cheur qui nous laisse sans voix la tendresse de Dieu pour l’homme et pour la femme ! C’est une image de la protection paternelle du couple humain. Dieu lui-mĂȘme prend soin de son chef-d’Ɠuvre et le protĂšge. RĂ©servĂ© aux abonnĂ©s PubliĂ© hier Ă  0800, Mis Ă  jour hier Ă  1042 Christine Lagarde se confie Ă  Madame Figaro depuis son bureau Ă  Francfort. Matias Indjic ENTRETIEN EXCLUSIF - Pour Madame Figaro, la prĂ©sidente de la Banque centrale europĂ©enne revient sur deux annĂ©es intenses, entre pandĂ©mie, guerre en Ukraine et inflation. Elle nous parle d'elle, des dĂ©fis Ă  relever et de sa vision pour l'avenir. Pour la voir, il faut passer plusieurs sas. Celui du calendrier mĂ©diatique, d'abord. Christine Lagarde n'appartient plus Ă  la France depuis longtemps, mais doit depuis le 1er novembre 2019 – date de sa nomination Ă  la tĂȘte de la Banque centrale europĂ©enne BCE – se partager entre les 19 pays de l'Union europĂ©enne utilisant l'euro. Ce qui rĂ©duit la fenĂȘtre de tir et contribue Ă  rendre sa parole rare et prĂ©cieuse. Le second sas, lui, est physique. À l'image de cette tour Ă  la fois anguleuse et torsadĂ©e – signĂ©e de l'architecte autrichien Wolf Dieter Prix – qui s'Ă©lĂšve sur les rives du Main, Ă  Francfort, la prĂ©sidente semble presque isolĂ©e dans son bureau du 40e Ă©tage – quand seuls les badges d'une garde rapprochĂ©e peuvent dĂ©passer le 37e. Deux ascenseurs et un couloir plus loin, elle est lĂ , souriante, accessible, dans son bureau de verre qui surplombe la coulĂ©e verte du quartier d'Ostend et cette ville oĂč elle rĂ©side la semaine – elle essaie de rentrer autant que possible le week-end en
 Cet article est rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s. Il vous reste 95% Ă  les articles Madame Figaro Ă  partir de 0,99€Inclus dans l’abonnement numĂ©rique du Figaro, annulable Ă  tout moment DĂ©jĂ  abonnĂ© ? Connectez-vous ÉgalitĂ© des droits, divorce, Ă©ducation pour tous
 Celle qui plaça la femme au cƓur de sa lutte, dans la tempĂȘte politique que fut la RĂ©volution, avait une libertĂ© de parole qui lui coĂ»ta la Laura Manzanera, Ă©crivainePublication 14 juil. 2021, 1400 CESTOlympe de Gouges remettant sa DĂ©claration des droits de la femme et de la citoyenne » Ă  Marie-Antoinette. Estampe Ă©ditĂ©e en 1790. PHOTOGRAPHIE DE Claude-Louis Desrais illustrateur et Frussotte graveur, 1790./BibliothĂšque nationale de France, dĂ©partement Estampes et photographie/ GallicaControversĂ©e et embarrassante pour la RĂ©volution par ses opinions modĂ©rĂ©es, Olympe de Gouges est condamnĂ©e Ă  mort en 1793. Juste avant que la lame ne tombe, elle s’exclame Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort ! » Elle ne reçoit qu’une rĂ©ponse unanime Vive la RĂ©publique ! » DES ORIGINES MODESTES Elle est baptisĂ©e Ă  Montauban sous le nom de Marie Gouze en 1748. Ses parents sont Anne-Olympe et Pierre Gouze, boucher, bien qu’il soit de notoriĂ©tĂ© publique que son pĂšre biologique est l’auteur dramatique Jean-Jacques Lefranc de Pompignan. Son Ă©ducation elle apprend Ă  peine Ă  lire et Ă  Ă©crire est trĂšs limitĂ©e. En 1765, elle est mariĂ©e de force Ă  Louis-Yves Aubry, de qui elle eut son unique enfant. Elle est vite libĂ©rĂ©e de ce mariage en devenant veuve l’annĂ©e suivante, et ne se remariera jamais le mariage est pour elle le tombeau de l’amour et de la confiance ». Son idĂ©al du couple est une union entre homme et femme Ă  travers un contrat qui, en cas de sĂ©paration, permet d’avoir avec d’autres personnes des enfants reconnus. DĂ©sireuse de commencer une nouvelle vie, elle change de nom et devient Olympe de » Gouges, une particule avec laquelle elle voulait sans doute masquer ses origines modestes. Sous cette nouvelle identitĂ©, elle s’installe Ă  Paris avec son ami et amant Jacques BiĂ©trix, dont la gĂ©nĂ©rositĂ© lui permet de vivre sans soucis d’argent et de tenter sa chance comme Ă©crivaine. Olympe s’intĂšgre bien dans la France des apparences de Louis XVI et met Ă  profit son esprit et son aisance Ă  parler pour se faire une place dans l’élĂ©gante sociĂ©tĂ© parisienne, notamment dans les salons littĂ©raires tenus par des femmes, premiĂšre Ă©tape vers son ambition. MalgrĂ© sa mince Ă©ducation, elle sera l’autrice de plus de 4 000 pages pamphlets, lettres et piĂšces de théùtre, textes politiques, philosophiques et utopiques. La voici devenue femme de lettres. POLÉMIQUE EN PLEIN THÉÂTRE À cette Ă©poque, seule une minoritĂ© de Français lisaient couramment, ce qui explique le succĂšs rencontrĂ© par le théùtre, dont Paris Ă©tait la capitale. AprĂšs avoir assistĂ© au Mariage de Figaro de Beaumarchais, au théùtre de la ComĂ©die-Française, Olympe Ă©crit Le Mariage inattendu de ChĂ©rubin, personnage secondaire de l’Ɠuvre de Beaumarchais, qui l’accuse de plagiat la piĂšce ne sera jamais jouĂ©e sur scĂšne. Portrait d'Olympe de Gouges attribuĂ© Ă  Alexandre Kucharski. Pastel sur parchemin, vers DE WikimĂ©dia CommonsAprĂšs ce premier Ă©chec, Olympe se confronte en 1784 aux acteurs de la ComĂ©die-Française, le seul théùtre Ă  disposer alors d’une troupe stable d’interprĂštes, avec Zamore et Mirza, un drame dont le hĂ©ros est un esclave noir et dont le thĂšme, politiquement subversif, dĂ©fend l’abolitionnisme. Peut-ĂȘtre n’a-t-elle pas fait preuve de beaucoup de tact en insultant les comĂ©diens et en essayant de les soudoyer. La piĂšce est alors rayĂ©e du rĂ©pertoire de la ComĂ©die-Française. Le caractĂšre impulsif de la jeune femme l’a fait tomber dans le piĂšge des comĂ©diens, qui ont utilisĂ© une lettre de cachet – une lettre adressĂ©e au pouvoir royal – exigeant son emprisonnement. Un coup de chance et quelques protecteurs permettent cependant Ă  Olympe de Gouges d’éviter le pire, mais elle est dĂ©jĂ  sur liste noire. C’est pourquoi elle a sans doute Ă©tĂ© la premiĂšre surprise lorsque, en dĂ©cembre 1789, est finalement jouĂ©e la premiĂšre de Zamore et Mirza. DISPOSITIONS HUMANISTES ET ENGAGEMENT SOCIAL Cette mĂȘme annĂ©e, le 5 mai, les États gĂ©nĂ©raux de France ont Ă©tĂ© convoquĂ©s Ă  Versailles. Mais la reprĂ©sentation du tiers Ă©tat – l’ordre comprenant ceux qui n’appartenaient ni au clergĂ© ni Ă  la noblesse, c’est-Ă -dire la majoritĂ© des Français, y compris la grande bourgeoisie – n’est pas Ă©quitable, et cela dĂ©chaĂźne la tempĂȘte. Le peuple s’empare de la Bastille, les catogans remplacent les perruques, et la cocarde tricolore s’affiche partout. La politique est Ă  la mode, et Olympe en tire profit. Dans ses Ă©crits, elle exige des maisons pour les personnes ĂągĂ©es, les veuves avec des enfants et les orphelins, des ateliers pour les chĂŽmeurs ou un impĂŽt sur le luxe. Ses dispositions humanistes et son engagement social ne masquent pas un rapport avec sa propre situation elle a un fils et s’inquiĂšte pour les mĂšres, elle a Ă©tĂ© une Ă©pouse malheureuse et se bat pour le divorce, elle est une bĂątarde et exige la reconnaissance des enfants naturels, elle n’a reçu qu’une maigre Ă©ducation et veut qu’elle soit dispensĂ©e Ă  tous. Mais ses positions modĂ©rĂ©es dressent contre elle tant les royalistes que les rĂ©volutionnaires ou patriotes ». Lors de la marche des femmes » sur Versailles, le 5 octobre 1789, des hommes de main font irruption chez elle et l’accusent de revendications populaires et d’offenses Ă  la famille royale. Il est vrai qu’Olympe, bourgeoise progressiste au grand cƓur, n’a jamais voulu s’éloigner de l’aristocratie elle dĂ©fend une monarchie rĂ©formĂ©e et se dĂ©finit comme une patriote royaliste », deux termes alors peu conciliables. Et si elle voit d’un mauvais Ɠil la dĂ©pensiĂšre Marie-Antoinette, elle exonĂšre en revanche Louis XVI. Son Ă©nergie et sa spontanĂ©itĂ© vont provoquer sa perte. Anonyme, Olympe de Gouges. Mine de plomb et aquarelle, dix-huitiĂšme siĂšcle. MusĂ©e du DE WikimĂ©dia CommonsN’appartenant Ă  aucune formation politique, elle se fait beaucoup d’ennemis, flottant d’un parti Ă  l’autre, [
], au flot de son cƓur », comme le dit d’elle Michelet dans son Histoire de la RĂ©volution française 1847-1853. Ses arguments changent, et elle finit par devenir contre-rĂ©volutionnaire ». Mais en 1791, bien qu’affectĂ©e par l’arrestation de la famille royale en fuite et malgrĂ© sa dĂ©fense de Louis XVI, elle revient au rĂ©publicanisme. Enfin, elle soutient les Girondins face aux Montagnards, ce qui signe sa condamnation Ă  mort. DE LA PRISON À L'ÉCHAFAUD Parmi les principes dĂ©fendus puis abandonnĂ©s par la RĂ©volution se trouve la participation Ă  la vie publique des femmes, qui ne sont plus habilitĂ©es Ă  assister Ă  aucune assemblĂ©e politique ». Déçue, Olympe publie en septembre 1791 la DĂ©claration des droits de la femme et de la citoyenne, considĂ©rĂ©e comme le premier manifeste fĂ©ministe. Olympe y rĂ©clame l’égalitĂ© juridique et lĂ©gale des femmes, et inclut des rĂ©formes pionniĂšres, telles que le suffrage universel, le divorce ou le concubinage, qui ne deviendront rĂ©alitĂ© qu’au XXe siĂšcle, voire, dans certains pays, seulement au XXIe siĂšcle. Sa chute est provoquĂ©e par une affiche oĂč elle propose que chaque dĂ©partement du pays choisisse entre trois types de gouvernement rĂ©publicain, fĂ©dĂ©ral ou monarchique. Elle n’est pas signĂ©e, mais une dĂ©lation la conduit devant le Tribunal rĂ©volutionnaire pour promouvoir une autre forme de gouvernement qui n’est pas la RĂ©publique », puis Ă  la prison de la Conciergerie, oĂč elle continue Ă  Ă©crire contre la terreur jacobine et son chef, Robespierre. Olympe est guillotinĂ©e deux semaines aprĂšs Marie-Antoinette, le 3 novembre 1793. La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir Ă©galement celui de monter Ă  la tribune », avait-elle Ă©crit. On lui refuse la tribune. Mais, aprĂšs l’échafaud, elle tombe dans l’oubli. Certes, Olympe de Gouges n’a pas Ă©tĂ© la femme la plus vertueuse de son siĂšcle », selon ses propres mots ; mais nous devons Ă  une ignorante de grandes dĂ©couvertes », affirme Mirabeau, activiste et thĂ©oricien de la RĂ©volution française. De nombreux contemporains voyaient en elle une rebelle sans cause, mais ses actions suivaient une stratĂ©gie rĂ©flĂ©chie. Elle a osĂ© en effet soulever des questions que les rĂ©volutionnaires eux-mĂȘmes ont ignorĂ©es. Et il faut admirer son esprit de dĂ©passement. Être provinciale, plĂ©bĂ©ienne, bĂątarde et d’éducation sommaire ne l’a pas empĂȘchĂ©e de faire entendre sa voix. C’est probablement en sa personne qu’elle a poussĂ© le plus loin la devise LibertĂ©, ÉgalitĂ©, FraternitĂ© ». Cet article a initialement paru dans le magazine National Geographic Histoire et Civilisations. S'abonner au magazine 1 Aborder la question du fĂ©minin dans notre sociĂ©tĂ© nous conduit de toute Ă©vidence Ă  interroger la Bible puisqu’elle est une des bases sur lesquelles s’est construite la civilisation occidentale. 2 Il faut prĂ©alablement dire quelques mots sur le texte lui-mĂȘme. La construction des Écritures fut une vĂ©ritable sĂ©crĂ©tion » par un grand nombre d’auteurs dont le travail s’est Ă©tendu sur plusieurs siĂšcles. L’efficacitĂ© et la force du texte biblique ne sont pas Ă  dĂ©montrer. Quant aux moyens de cette puissance, il faut avouer que rien n’a Ă©tĂ© nĂ©gligĂ© grand spectacle dont Hollywood n’a su rendre qu’une infime partie la violence, le sang, la mort, l’amour, le sexe sont sans cesse prĂ©sents. Et la Loi a Ă©tĂ© soigneusement installĂ©e au milieu de tout cela, d’une maniĂšre qui la rend indissociable de toutes les histoires qui l’introduisent, l’illustrent et donnent Ă  son interprĂ©tation un champ infini. Et, dans ce monde de la Bible, chacun peut trouver sa place, la dĂ©finition de son rĂŽle et des motifs d’espĂ©rer. 3 Mais tout cela serait peut-ĂȘtre restĂ© l’apanage du peuple juif, si ce dernier n’avait Ă©tĂ© rendu permĂ©able par l’exil et la conquĂȘte dont il fut victime. Chaque annĂ©e, le dix TĂ©vet, le judaĂŻsme commĂ©more un Ă©vĂ©nement survenu quelque trois cents ans avant notre Ăšre, la premiĂšre traduction de la Bible de l’hĂ©breu en grec. Ce qui fut d’abord un jour de fĂȘte, car il marquait l’enrichissement du patrimoine culturel de l’humanitĂ©, la tradition en a fait un jour de deuil et de jeĂ»ne. Ce jour, nous pouvons le considĂ©rer comme le point de dĂ©part d’une civilisation occidentale dont Emmanuel Levinas disait en substance que c’était la Bible plus les Grecs ». Le visage de l’Occident, christianisme aidant, a commencĂ© Ă  se modeler et son histoire Ă  prendre un sens nouveau. Il suffirait pour nous de voir la place de la mythologie grecque et de MoĂŻse dans l’ñme de Freud pour confirmer la profondeur et la vĂ©ritĂ© de cette affirmation. 4 D’oĂč vient la femme et quelle est sa place ? Ouvrons d’abord la GenĂšse pour y lire les rĂ©cits de la crĂ©ation de l’humain. Ce pluriel est justifiĂ© car le livre contient deux rĂ©cits juxtaposĂ©s, d’origines probablement distinctes, qui ont Ă©tĂ© rassemblĂ©s sans vĂ©ritable souci de cohĂ©rence apparente. Le premier de ces rĂ©cits Gn 1, 27-28 vient simplement indiquer que Dieu est le crĂ©ateur de l’humain, qu’il l’a créé Ă  son image, ce qui n’est pas rien. 5 Cet humain, il l’a créé homme et femme [1] ». Suit le commandement de croĂźtre et de se multiplier et de mettre la terre en valeur, la terre qui leur est donnĂ©e, avec tout ce qu’elle contient. Pour complĂ©ter, il fallait un second rĂ©cit, qui rende compte de ce qu’il peut y avoir de dynamique dans les rapports entre homme et femme et rĂ©ponde Ă  certaines inquiĂ©tudes que la femme peut faire naĂźtre chez l’homme. Ce rĂ©cit, c’est celui du jardin d’Éden. La crĂ©ation de la femme commence par la constatation du manque. L’homme ne trouve pas de compagne qui lui soit assortie Gn 1, 20. On rapporte que certains sages disaient qu’Adam coucha auprĂšs de chaque crĂ©ature mais qu’aucune ne lui plut vraiment... 6 Il faudra pour lui une vraie compagne, une crĂ©ature de dĂ©sir qui rĂ©ponde Ă  son manque. Il faut qu’elle soit humaine, de la mĂȘme nature que lui, mais, nĂ©e dans son sommeil, elle comportera toujours une part de mystĂšre. Celle-ci, pour le coup est un membre extrait de mes membres et une chair de ma chair ; celle-ci sera nommĂ©e icha [2], parce qu’elle a Ă©tĂ© prise de ich [3]. C’est pourquoi l’homme abandonne son pĂšre et sa mĂšre ; il s’unit Ă  sa femme, et ils deviennent une seule chair. »Gn 2,23 7 Le rĂ©cit devient ainsi, non plus seulement celui de la crĂ©ation de l’homme et de la femme, mais celui de la crĂ©ation du premier couple. Et effectivement, cette mystĂ©rieuse crĂ©ature dĂ©borde de vie, comme elle dĂ©borde de dĂ©sir et s’en va tout droit vers la faute. L’homme et la femme encourront les reproches de l’Éternel. Mais il faut noter que les reproches de ce dernier sont diffĂ©renciĂ©s. 8 À la femme, l’Éternel reproche d’avoir dĂ©sobĂ©i. À la femme, il dit J’aggraverai tes labeurs et ta grossesse ; tu enfanteras avec douleur ; la passion t’attirera vers ton Ă©poux, et lui, te dominera » Gn 3, 16. 9 Toute cette puissance de vie et de dĂ©sir, la femme doit la mettre au service de l’enfantement, oĂč elle doit voir sa misĂšre, tout comme sa grandeur. 10 La seconde partie du verset n’est pas moins importante pour la dĂ©finition de la condition de la femme. Elle vient rappeler que la puissance du dĂ©sir est du cĂŽtĂ© fĂ©minin, qu’elle n’y peut rĂ©sister et que ce doit ĂȘtre Ă  l’homme de lui mettre des bornes. 11 Car, Ă  Adam, l’Éternel-Dieu reproche d’avoir cĂ©dĂ© Ă  la voix de son Ă©pouse Gn 3, 17. Dieu commande Ă  la femme d’ĂȘtre soumise Ă  son mari et le premier moyen de domination qui est donnĂ© Ă  l’homme sur la femme, c’est le pouvoir de la nommer. Le nom d’Ève paraĂźt seulement Ă  ce moment du rĂ©cit Gn 3, 20. Il peut ĂȘtre traduit par vie » ou vivante ». L’homme est nommĂ© par Dieu et la femme obtient son nom de l’homme qui la domine. Dieu, quant Ă  lui, ne rĂ©vĂšle pas son nom, il n’a que des appellations. 12 L’accomplissement de la femme se fera dans l’enfantement. Ève devient la mĂšre de tous les vivants » Gn 3, 1. Or, l’homme s’était uni Ă  Ève, sa femme. Elle conçut et enfanta CaĂŻn en disant “J’ai fait naĂźtre un homme, conjointement avec l’Éternel !” », Gn 4, 1. La femme est la coopĂ©ratrice de l’Éternel et le pĂšre n’a qu’un rĂŽle de procrĂ©ateur. Il en sera de mĂȘme pour Abel Elle enfanta ensuite son frĂšre Abel » Gn 3, 2. On sait ce qu’il adviendra des deux frĂšres... 13 Le premier homme, nĂ© d’Ève par la volontĂ© de son pĂšre Adam, sera Seth. C’est de lui que descendront NoĂ© et par lui tous les hommes de la suite de l’histoire Adam, ayant vĂ©cu cent trente ans produisit un ĂȘtre Ă  son image et selon sa forme, et lui donna pour nom Seth » Gn 4, 25. On peut remarquer dans le texte hĂ©breu qu’Adam qui signifie humain » Ă©tait jusqu’à la naissance de Seth Ă©crit avec un article qu’il perd dans la suite, devenant un nom propre. C’est en quelque sorte la naissance de Seth qui fait d’Adam un pĂšre vĂ©ritable et achĂšve son humanitĂ©. 14 Et Ève, la mĂšre, que devient-elle ? Vous remarquerez qu’on n’en parle plus. La transmission du pĂšre vers le fils est devenue la seule prise en compte. C’est ainsi que, quand les Évangiles rapporteront la gĂ©nĂ©alogie de JĂ©sus, ils ne mentionneront que l’ascendance de Joseph ! 15 On voit avec quel soin sont dĂ©crits l’enfantement des garçons et les Ă©checs possibles de cette entreprise si le pĂšre n’est pas solidement en place. En revanche, nous constatons avec surprise que le livre ne nous rapporte pas les circonstances de la naissance des premiĂšres gĂ©nĂ©rations de filles. On sait qu’elles sont lĂ , mais elles voient le jour hors du rĂ©cit. Nous ne les voyons pas plus naĂźtre qu’Adam n’avait vu la crĂ©ation d’Ève pendant son sommeil. Toutefois, on ne manque pas de nous rappeler qu’elles sont remarquablement belles, ces filles des hommes, et que leur beautĂ© va attirer les anges, dĂ©chus ou non. De cette union naĂźtront des gĂ©ants [4]. Ce passage un peu surprenant du sixiĂšme chapitre de la GenĂšse, nous pouvons penser qu’il a Ă©tĂ© placĂ© lĂ  pour indiquer que la beautĂ© des femmes recĂšle une force et un danger qui peut aller au-delĂ  de l’humain. Cette beautĂ© s’exerçant sur la vue, il y a donc lieu de voiler les corps. C’est si important que l’Éternel-Dieu lui-mĂȘme confectionne les tuniques de peau dont il vĂȘt Adam et Ève Gn 3, 21. 16 Le corps de la femme est un trĂ©sor extraordinaire, mais il est potentiellement dangereux. La vue du corps fĂ©minin dĂ©nudĂ© provoque de maniĂšre irrĂ©pressible le dĂ©sir de l’homme. Ainsi en est-il de BethsabĂ©e que David voit nue, un soir, depuis la terrasse de son palais 2S 11, 1 ou de Susanne au bain dans le livre grec de Daniel. Au demeurant, l’image de la femme nue est Ă©galement utilisĂ©e par l’auteur du livre de Judith qui prend bien soin de nous dire qu’elle Ă©tait fort belle et nous dĂ©crit avec complaisance ses quotidiennes ablutions nocturnes. Car la beautĂ© fĂ©minine peut ĂȘtre une arme, pour tuer, dans le cas de Judith, ou une arme politique, dans le cas d’Esther. Si la femme doit ĂȘtre cachĂ©e, la jeune fille doit, jusqu’au mariage, garder sa virginitĂ©. C’est une vĂ©ritable obsession qui va conduire au meurtre deux des fils de Jacob, SimĂ©on et LĂ©vi, Ă  la suite du viol de leur sƓur Dina Gn 34, 1s. Leur pĂšre dĂ©sapprouvera une violence aussi disproportionnĂ©e qu’inutile, mais dont il n’a pu empĂȘcher l’accomplissement. On pourrait rapprocher de cela l’épisode de Tamar, violĂ©e par son demi-frĂšre Amnon et vengĂ©e par son frĂšre Absalom 2S 13. 17 Le dĂ©sir sexuel de la femme peut dĂ©passer toute limite. Ainsi la femme de Putiphar se prĂ©cipite-t-elle sur Joseph Gn 39, 7 Ă  20. Et, dans son plus creux, le corps fĂ©minin est aussi habitĂ© par le dĂ©sir d’enfants. L’épisode des filles de Loth Gn 19, 31-32 vient montrer jusqu’oĂč il peut aller. Et la leçon est une nouvelle fois donnĂ©e avec Jacob, qui, sans l’avoir vraiment voulu, est mariĂ© avec deux sƓurs. Et celle qu’il aime n’est pas celle qui lui donne des enfants. Rachel, voyant qu’elle ne donnait pas d’enfant Ă  Jacob, conçut de l’envie contre sa sƓur, et elle dit Ă  Jacob “Rends-moi mĂšre, autrement, j’en mourrai !” » Gn 30, 1. Et Jacob de se fĂącher contre Rachel, c’est Dieu qui accorde la fĂ©conditĂ© et lui seul ! La stĂ©rilitĂ© apparaĂźt comme une malĂ©diction, ce qui ne rend pas enviable le sort de la femme stĂ©rile. 18 Que dit la loi mosaĂŻque dont nous avons dĂ©crit les liens si Ă©troits avec les rĂ©cits bibliques ? La Loi, particuliĂšrement dans le livre du DeutĂ©ronome, va prĂ©voir des dispositions sĂ©vĂšres pour garantir la virginitĂ© des jeunes filles Dn 22, 28-29. Elle garantira Ă©galement la fidĂ©litĂ© des femmes Dn 22, 22. Le divorce n’existe qu’à l’initiative du mari. C’est en fait une rĂ©pudiation. La femme est alors libre de se remarier, mais son premier mari perd alors le droit de la reprendre Dn 22, 28-29. 19 Mais aussi, prudemment, la Loi prĂ©voit comme une nĂ©cessitĂ© que la jeune mariĂ©e soit satisfaite Si quelqu’un a pris nouvellement femme, il sera dispensĂ© de se rendre Ă  l’armĂ©e et on ne lui imposera aucune corvĂ©e il pourra vaquer librement Ă  son intĂ©rieur pendant un an, et rendre heureuse la femme qu’il a Ă©pousĂ©e » Dn 24, 5. 20 Si la femme donne la vie, il faut rappeler que le principe vital de toute crĂ©ature, c’est son sang qui est dans son corps » Lv 17, 14. Et le sang rend impur qui le touche. Lorsqu’une femme Ă©prouvera le flux, son flux, c’est le sang qui s’échappe de son corps, elle restera sept jours dans son isolement ; et quiconque la touchera sera souillĂ© jusqu’au soir » Lv 15, 19. AprĂšs un accouchement, il existe Ă©galement une prescription d’impuretĂ©, mais sa durĂ©e est augmentĂ©e si c’est une fille... FrĂ©quemment impure, la femme y gagne un sentiment d’infĂ©rioritĂ© qui facilite son assujettissement. Mais Ă©galement, cela a pour effet de sĂ©parer pĂ©riodiquement le monde de l’homme de celui de la femme, de maintenir une distance, un mystĂšre propre Ă  entretenir le dĂ©sir. Adam aurait-il tant dĂ©sirĂ© Ève si elle n’avait Ă©tĂ© créée pendant son sommeil ? 21 Mais la Bible n’a pas rĂ©servĂ© aux femmes uniquement le rĂŽle de mĂšre, elle garde la mĂ©moire de prophĂ©tesses, de reines vertueuses comme Esther ou abominables comme Jezabel ou Athalie et d’hĂ©roĂŻnes meurtriĂšres comme la belle Judith. De l’histoire de cette derniĂšre, il faut rapprocher celle de la prophĂ©tesse DĂ©bora et de YaĂ«l. Barak avait peur de s’avancer au combat sans la prĂ©sence de DĂ©bora, et la prophĂ©tesse lui rĂ©pliqua Certes, j’irai avec toi ; seulement, ce n’est pas Ă  toi que reviendra l’honneur de ton entreprise, puisque c’est Ă  une femme que l’Éternel aura livrĂ© Sisara » Jg 4, 9. Et Sisara, le chef cananĂ©en, mourut de la main de YaĂ«l, clouĂ© d’une tempe Ă  l’autre par un piquet de tente. Si l’homme est dĂ©faillant, la femme peut se montrer plus terrible que lui. 22 Ces femmes fortes, que savons-nous de leur enfance ? Rien. 23 En revanche, les rĂ©cits d’enfance concernant les personnages masculins sont nombreux dans la Bible. Ces garçons dont la naissance a Ă©tĂ© trĂšs fortement dĂ©sirĂ©e ont comblĂ© leurs mĂšres. L’histoire d’Isaac nous est ainsi contĂ©e dĂšs avant sa conception. Le rĂ©cit de l’enfance de Samuel est Ă©galement trĂšs instructif et nous savons qu’il fut un pĂšre malheureux, ses fils, JoĂ«l et Abya, ne suivant pas ses voies 1S 8, 1s. Ces rĂ©cits continuent dans les Écritures chrĂ©tiennes, il suffit de citer Jean et JĂ©sus. Mais les Évangiles ne dĂ©crivent pas l’enfance d’Élisabeth et de Marie, leurs mĂšres. Parmi les Ă©crits apocryphes, le protĂ©vangile de Jacques repris par l’Évangile de la nativitĂ© de Marie prĂ©sente un rĂ©cit de la naissance et de l’enfance de Marie peu original puisqu’il reprend les traits principaux du rĂ©cit de la naissance et de l’enfance de Samuel. 24 ProphĂ©tesses et autres hĂ©roĂŻnes entrent dans les rĂ©cits bibliques sous la forme de femmes accomplies. Pour aucune d’entre elles on ne nous rapporte que ses parents ont dĂ©sirĂ© avoir une fille. 25 Si les relations pĂšre-fils sont souvent dĂ©crites, les relations entre mĂšre et fille ne le sont guĂšre. Les relations d’une jeune veuve, Ruth, et de sa belle-mĂšre, NoĂ©mi, sont plus en valeur. Toutefois, le but avouĂ© n’est autre que la conquĂȘte de Boaz, le nouveau mari de Ruth. 26 Et les relations entre pĂšre et fille ? 27 On peut en voir un exemple dans la tragĂ©die de la fille de JephtĂ© le Galaadite au livre des Juges. Le nom de la fille de JephtĂ© ne nous est pas prĂ©cisĂ©, mais nous savons qu’en dehors d’elle, le terrible chef de guerre n’avait pas d’enfant. Au moment de partir en campagne contre les Ammonites, JephtĂ© avait fait ce vƓu Ă  l’Éternel Si tu livres en mon pouvoir les enfants d’Ammon, la premiĂšre crĂ©ature qui sortira de ma maison au-devant de moi, quand je reviendrai vainqueur des enfants d’Ammon, sera vouĂ©e Ă  l’Éternel, et je l’offrirai en holocauste » Jg 11 ; 31. Et, lorsque, vainqueur, JephtĂ© s’en revint chez lui, ce fut cette fille chĂ©rie, qui vint Ă  sa rencontre avec des tambourins et des chƓurs de danse ». Quand il la vit, il dĂ©chira ses vĂȘtements et s’écria “HĂ©las, ma fille, tu m’accables ! c’est toi qui fais mon malheur ! Mais je me suis engagĂ© devant l’Éternel, je ne puis m’en dĂ©dire.” Elle lui rĂ©pondit “Mon pĂšre, tu t’es engagĂ© devant Dieu, fais-moi ce qu’a promis ta bouche...” » Jg 11 ; 35-36 Abraham n’a pas sacrifiĂ© effectivement son fils, JephtĂ©, lui, a immolĂ© sa fille ! 28 Bien sĂ»r, on peut en extraire l’enseignement qu’il ne faut pas s’engager Ă  la lĂ©gĂšre devant l’Éternel. C’est Ă©galement un exemple de la soumission que la fille doit avoir pour son pĂšre. Nous croyons aussi y lire une histoire d’amour. Rien ne dit que JephtĂ© aimait moins son unique fille que s’il se fĂ»t agi d’un fils. Et la fille de JephtĂ© aimait son pĂšre au point d’accepter sans une plainte de mourir de sa main. 29 Tout pĂšre doit renoncer Ă  l’amour de sa fille puisque cette derniĂšre doit quitter la maison paternelle. Le Commentaire sur la Torah [5] de Jacob Ben Isaac Achkenazi de Janow rapporte que Dans le Midrach Rabba, il est Ă©crit Rabbi Gamaliel maria sa fille ; au moment de quitter la maison de son pĂšre, elle lui dit “PĂšre, bĂ©nis-moi.” 30 Il la bĂ©nit et ajouta 31 – ChĂšre fille, fasse le Saint, bĂ©ni soit-il, que tu ne reviennes jamais plus dans ma maison. 32 – Cher pĂšre, pourquoi me maudire de la sorte ? 33 – DĂ©trompe-toi, je t’ai donnĂ© ma bĂ©nĂ©diction afin que tu sois bien dans ta maison, que tu dĂ©sires y rester et que tu n’aies jamais plus envie de revenir ici. » 34 On devine bien de la passion dans les paroles du sage. On sent la tristesse et la douleur de sa fille. 35 En conclusion, la leçon est d’une dĂ©sarmante simplicitĂ©. La fille doit rester vierge jusqu’à son mariage, elle doit quitter alors la maison de ses parents et ne rien espĂ©rer que dans son statut d’épouse fidĂšle et obĂ©issante, puis de mĂšre, d’un fils tout particuliĂšrement. Elle peut y voir son accomplissement, comme Sara, ou comme Marie, mĂšre de JĂ©sus. De plus, elle doit rester un mystĂšre pour l’homme que sa sexualitĂ© attire et inquiĂšte. Et il y a beaucoup de chance qu’elle demeure Ă©galement un mystĂšre Ă  ses propres yeux... Mais cette femme, car chacun doit avoir son heure, garde au fond d’elle l’espoir de renouveler l’histoire d’une des grandes hĂ©roĂŻnes d’IsraĂ«l. 36 Le texte biblique dit beaucoup de choses sur les conditions de la rĂ©ussite de la construction psychique du garçon, et le fait d’avoir une bonne mĂšre » du type que nous venons de dĂ©crire en est une. En revanche il en dit peu sur la construction psychique de la fille. Mais ce silence est Ă©loquent. Il exprime Ă  merveille le manque. La fille grandit dans la conviction que sa naissance n’a pas Ă©tĂ© une cause de satisfaction pour sa mĂšre. Elle grandit aussi dans l’amour de son pĂšre, mais cela doit rester un secret. 37 Mais au fond, ce discours, ne faudrait-il pas le mettre en parallĂšle avec le propos traditionnel de la psychanalyse sur la femme, en tout cas de celui de Freud qui a laissĂ© plus de terrae incognitae dans ce domaine que dans d’autres ? Il est d’ailleurs remarquable qu’il se soit intĂ©ressĂ© Ă  la personne de MoĂŻse beaucoup plus qu’à son enseignement. 38 Et notre Ă©poque, a-t-elle su vraiment construire un discours cohĂ©rent et fĂ©cond sur le fĂ©minin ? Notes [1] La distinction est absolue et ne laisse pas de place pour qui ne serait ni tout Ă  fait homme ni tout Ă  fait femme. Les cas d’ambiguĂŻtĂ© sexuelle tout comme les cas de transsexualisme nous montrent pourtant que les choses sont loin d’ĂȘtre aussi simples. [2] Femme, littĂ©ralement hommesse ». [3] Homme. [4] Ce n’est pas la seule irruption dans le texte biblique d’une mythologie Ă©trangĂšre au monde juif. Ainsi, IsaĂŻe 34, 14 mentionne les satyres et Lilith, dĂ©mon femelle babylonien. Il faut d’ailleurs rappeler que la Bible ignore la lĂ©gende de Lilith. Il n’y a dans la GenĂšse qu’une seule premiĂšre femme, Ève. [5] Recueil populaire composĂ© en yiddish au xvii e siĂšcle. Texte Les droits de la femme Homme, es-tu capable d’ĂȘtre juste ? C’est une femme qui t’en fait la question ; tu ne lui ĂŽteras pas moins ce droit. Dis-moi ? Qui t’a donnĂ© le souverain empire d’opprimer mon sexe ? Ta force ? Tes talents ? Observe le crĂ©ateur dans sa sagesse ; parcours la nature dans sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l’oses, l’exemple de cet empire tyrannique. Remonte aux animaux, consulte les Ă©lĂ©ments, Ă©tudie les vĂ©gĂ©taux, jette enfin un coup d’Ɠil sur toutes les modifications de la matiĂšre organisĂ©e ; et rends-toi Ă  l’évidence quand je t’en offre les moyens. Cherche, fouille et distingue, si tu le peux, les sexes dans l’administration de la nature. Partout, tu les trouveras confondus, partout ils coopĂšrent avec un ensemble harmonieux Ă  ce chef d’Ɠuvre immortel. L’homme seul s’est fagotĂ© un principe de cette exception. Bizarre, aveugle, boursouflĂ© de sciences et dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, dans ce siĂšcle de lumiĂšres et de sagacitĂ©, dans l’ignorance la plus crasse, il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultĂ©s intellectuelles ; il prĂ©tend jouir de la RĂ©volution, et rĂ©clamer ses droits Ă  l’égalitĂ©, pour ne rien dire de plus. La dĂ©claration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouge, 1791 Introduction La RĂ©volution française constitue un bouleversement politique fondamental dans la sociĂ©tĂ© française, mettant fin Ă  lÊŒ Ancien RĂ©gime et aux privilĂšges de l’aristocratie française sur les autres classes sociales. Cependant d’un point de vue sociĂ©tal, les droits des femmes n’évoluent pas, laissant la femme Ă  un statut d’infĂ©rioritĂ© par rapport Ă  l’ʌhomme. Olympe de Gouge est considĂ©rĂ©e comme l’une des premiĂšres militantes fĂ©ministes. En sʌ’appuyant sur l’universalitĂ© de la dĂ©claration des droits de lʌ’homme, elle rĂ©clame une Ă©galitĂ© femme-homme pour libĂ©rer la femme de sa servitude domestique Ă  laquelle elle est cantonnĂ©e. Elle se livre Ă  un pastiche de la dĂ©claration des droits de l’homme en Ă©crivant celle de la femme et de la citoyenne. Dans un texte prĂ©faciel pamphlĂ©taire intitulĂ© les droits de la femme», nous verrons comment Olympe de Gouge dĂ©fend la cause des femmes en sʌ’attaquant Ă  l’ʌhomme. PremiĂšre partie l’auteure exhorte la femme Ă  ĂȘtre Ă©clairĂ©e par les principes de la philosophie des LumiĂšres pour se libĂ©rer du joug des hommes Femme, rĂ©veille-toi !
 injuste envers sa compagne ». Le texte s’ouvre sur une apostrophe au destinataire du discours. À noter la prĂ©sence de lʌ’invocation lyrique λ qui donne un souffle passionnĂ© aux mots de lʌ’auteure. Le texte repose sur lʌ’allĂ©gorie de la caverne du philosophe grec Platon. Cette partie du texte invite la femme Ă  se rĂ©veiller, Ă  sortir des tĂ©nĂšbres dans lesquelles elle vit pour accĂ©der Ă  la vĂ©ritĂ© grĂące Ă  la mĂ©taphore du flambeau de la vĂ©ritĂ© ». À noter l’énumĂ©ration des caractĂ©ristiques de l’intolĂ©rance prĂ©jugĂ©s, fanatisme, superstitions, mensonges. Le paragraphe est constituĂ© de pĂ©riphrases mĂ©taphoriques comme le tocsin de la raison » qui donne au texte une tonalitĂ© Ă©pique et guerriĂšre incitant la femme Ă  entrer en guerre. Le combat fĂ©ministe est universel ». Il transcende la notion de pays et a une dimension politique internationale pour Olympe de Gouge qui ne limite pas sa vision du monde Ă  la France, comme le montre son combat contre l’esclavagisme. Olympe de Gouge cite d’ailleurs lʌ’exemple de lʌ’homme esclave » pour dĂ©signer les citoyens qui se sont arrachĂ©s Ă  la domination de lʌ’absolutisme royal de lÊŒ Ancien RĂ©gime. Cette partie du paragraphe se clĂŽt sur le vocabulaire de lʌ’injustice que subissent les femmes par la faute de l’ʌhomme. DeuxiĂšme partie l’auteure exhorte les femmes Ă  prendre conscience de leur absence de droits dans une sociĂ©tĂ© patriarcale Ô femmes ! 
 -Tout, auriez-vous Ă  rĂ©pondre». S’engage dans cette deuxiĂšme partie du texte un dialogue imaginaire entre lʌ’autrice et les femmes Ă  qui elle sÊŒadresse. À noter que lʌ’autrice passe du singulier au pluriel dans une nouvelle apostrophe. Ce passage au pluriel donne de l’ampleur au texte du point de vue argumentatif. Il est Ă  noter Ă©galement que se poursuit l’allĂ©gorie de la caverne avec lʌ’adjectif aveugles» pour qualifier les femmes qui ne parviennent pas Ă  envisager la possibilitĂ© de se rĂ©volter. Il s’en suit une sĂ©rie de questions rhĂ©toriques qui, encore une fois, exhorte les femmes Ă  prendre conscience de la diffĂ©renciation femme-homme et de l’injustice quʌ’elles subissent. À noter particuliĂšrement l’exemple des noces de Cana JĂ©sus prononce, selon Olympe de Gouge, une phrase misogyne Ă  l’égard de Marie. Gouge montre ainsi quʌ’au commencement de la culture judĂ©o-chrĂ©tienne rĂ©side dĂ©jĂ  lʌ’inĂ©galitĂ© entre homme et femme. TroisiĂšme partie l’ʌhomme, paradoxalement, se fourvoie en se conduisant en despote dans le siĂšcle des LumiĂšres. S’ils s’obstinaient 
 vouloir». Le texte continue par une longue phrase complexe qui s’ouvre par une proposition subordonnĂ©e hypothĂ©tique. Olympe de Gouge imagine, que si les hommes continuent Ă  refuser Ă  l’émancipation des femmes, les femmes doivent s’unir pour combattre. Gouge utilise les outils rhĂ©toriques de la rĂ©pĂ©tition. En effet, le reste de la phrase est constituĂ© d’une sĂ©rie de propositions juxtaposĂ©es qui commencent par des verbes d’action conjuguĂ©s Ă  la deuxiĂšme personne de lʌ’impĂ©ratif opposez», rĂ©unissez-vous», dĂ©ployez» et enfin une derniĂšre proposition coordonnĂ©e au futur simple trĂšs importante car le verbe est voir». Les femmes recouvreront enfin la vue grĂące Ă  leur action politique. Le texte se clĂŽt par une phrase qui rappelle la phrase de Kant sur les lumiĂšres ose de servir de ton propre entendement». Gouge oppose dans cette phrase antithĂ©tique les barriĂšres» et le vouloir» qui manque aux femmes pour s’affranchir» du joug des hommes. On remarquera surtout dans cette derniĂšre partie l’habilitĂ© rhĂ©torique de Gouge Ă  user de pĂ©riphrases mĂ©taphoriques trĂšs expressives comme les Ă©tendards de la philosophie» au sens guerrier, et ces orgueilleux , non serviles adorateurs rampants Ă  vos pieds» qui dʌ’une maniĂšre pĂ©jorative jettent les hommes aux pieds des femmes. CONCLUSION Olympe de Gouge dans cette postface s’adresse, non plus aux hommes comme dans son texte liminaire, mais bien aux femmes quʌ’elle cible comme les rĂ©elles actrices de leur Ă©mancipation du joug patriarcal. L’ʌauteur dĂ©veloppe en filigrane l’allĂ©gorie de la caverne pour dĂ©fendre l’idĂ©e que les femmes demeurent ignorantes de la domination qui s’exerce sur elles et du pouvoir qui rĂ©side en elles pour se soulever contre cette injustice. Le texte semble destinĂ© Ă  ĂȘtre lu devant une assemblĂ©e de femmes, comme il en existait Ă  l’époque. En effet, il a existĂ© pendant la RĂ©volution française des assemblĂ©es de femmes qui se rĂ©unissaient pour lutter pour leurs droits. Olympe de Gouge terminera son parcours guillotinĂ©e sous le rĂ©gime de la Terreur de Robespierre. ThĂ©roigne de MĂ©ricourt, autre figure fĂ©ministe de l’époque, verra Ă©galement son combat s’interrompre par un enfermement Ă  l’asile psychiatrique oĂč elle finira ses jours.

l homme est le chef de la femme